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De Glace et de Feu, tome 1: Terre Viking: Extraits par Cathie Louvet - France

Photo du rédacteur: Cathie LouvetCathie Louvet

Dernière mise à jour : 13 nov. 2019

Prologue : Après les invasions barbares et la chute de Rome, le chaos régnait en Europe. Mais des ruines encore fumantes d'un monde romain appartenant désormais au passé, si glorieux fut-il, émergea peu à peu un ordre nouveau : celui des peuples dits « barbares » , des païens sans foi ni loi, vivant en tribus ou en clans, batailleurs, querelleurs et brouillons, mais animés d'une formidable énergie vitale, plus vivifiante que les miasmes putrides exhalés par les marbres et les colonnes des palais corrompus des derniers empereurs, énergie qui les poussait à aller de l'avant, encore et toujours, sans regarder derrière soi, sans s'encombrer d'inutiles principes moraux, ne croyant qu'en leurs dieux faits à leur image, ne faisant confiance qu'à leur force physique et à leurs armes, s'adonnant à la guerre avec la même fougue qu'ils mettaient à boire, manger ou faire l'amour. Ils profitaient de chaque étincelle de vie irradiant par toutes les fibres de leur être...Les Scandinaves étaient de ceux-là, mais ils étaient nés dans des contrées au sol ingrat et chiche, exigeant beaucoup d'efforts pour peu de rendement. L'agriculture, l'élevage et la pêche permettaient tout juste de survivre dans un monde au climat rude, aux terres cernées par l'élément liquide. Les Hommes du Nord, entreprenants, courageux et très résistants comprirent alors que la mer, qui semblait être leur prison, constituait en réalité leur seul salut. Ils conçurent des bateaux très ingénieux, barques à fond plat extrêmement maniables et légères, qui pouvaient être roulées sur des rondins ou portées afin de contourner n'importe quel obstacle ou pour couvrir une petite distance séparant deux cours d'eau. Depuis de nombreuses générations, ils pratiquaient le cabotage le long de leurs côtes déchiquetées, ainsi que le long des côtes germaniques et franques. Avec de tels navires, capables d'apprivoiser les colères et les caprices de la mer, ils partirent à la découverte du monde extérieur. Fins observateurs, ils comprirent très vite que le commerce était la clef d'accès à des richesses qu'ils n'auraient jamais soupçonnées. C'est en remontant les fleuves du grand continent européen qu'ils atteignirent Constantinople. La grande cité les éblouit par l'opulence de ses palais et de ses marchés, par la diversité et l'animation de ses rues cosmopolites. Certes, ils se retrouvaient bien loin de leurs contrées brumeuses et froides mais ils étaient hardis, aventureux, pleins de courage et surtout bien organisés. Alors, ils fondèrent des comptoirs sur les rives de la Mer Baltique mais aussi dans les lointains territoires qu'ils sillonnaient. Grâce à leurs propres itinéraires maritimes et fluviaux, ils créèrent des réseaux de correspondants qui écoulaient leurs marchandises déjà très prisées : fourrures, peaux, ivoire de morse, ambre, vadmal, tissu de bure de très grande qualité, qu'ils troquaient contre des meules à bras rhénanes, des pierres à aiguiser et surtout du vin.

A cette époque, il n'était pas rare de voir de jeunes scandinaves partir commercer pendant plusieurs années sans éprouver aucune difficulté d'adaptation, pouvant faire indifféremment escale dans des pays aussi divers que la Perse, la Grèce, l'Italie, les Gaules, la Germanie. Quelques années plus tard, ils rentraient chez eux enrichis et endurcis par le dur métier de marchand itinérant, loin d'être une occupation de tout repos. Il fallait savoir se battre pour se défendre contre d'éventuels prédateurs, savoir protéger son navire, ses marchandises et ses bénéfices, raison pour laquelle ils se groupaient souvent en « guildes » afin de partager les frais et les risques. C'est ainsi qu'ils apprirent à connaître les coutumes des cités européennes. Ils furent rapidement capables d'en appréhender les ressources matérielles et financières. Ils comprirent que ces dernières étaient généralement concentrées dans les principaux centres urbains et religieux, ces derniers souvent isolés et laissés sans moyens de défense. C'est dans ce monde en pleine effervescence que naquirent les générations d'hommes et de femmes dont nous allons évoquer les destinées souvent extraordinaires, parfois insolites mais jamais monotones.

EXTRAIT DU CHAPITRE 6 : Brusquement, il s'arrêta devant Bjorn et explosa : « Il faut frapper un grand coup ! Tous les grands stratèges savent que la meilleure défense c'est l'attaque ! Nous allons lui montrer de quoi nous sommes capables ! -Tu as raison, Godfred. Mais n'oublie pas que ses armées sont très nombreuses. Il va te falloir beaucoup plus d'hommes que tu n'en possèdes. -Je sais, Bjorn, mais ce que je sais aussi, et de source sûre, est que quantité de ses troupes sont engagées dans de lointaines contrées, réduisant ainsi le nombre de soldats immédiatement disponibles. Dès la fonte des neiges, je convoquerai tous les hommes libres et, s'il le faut, j'enrôlerai même les esclaves. Pour les récompenser, j'affranchirai les plus valeureux. Nous devons absolument renforcer notre frontière au sud afin d'empêcher Charles d'envahir notre royaume par voie de terre. Et comme il n'a pratiquement pas de flotte... -Humm...Je suppose que tu as une idée précise ? » Godfred lui expliqua son projet : il y avait de cela de nombreuses années, un roitelet du sud, craignant déjà des invasions franques et germaines, avait commencé l'élaboration d'une ligne de défense. Malheureusement, ce modeste prince ne disposait pas de l'autorité publique suffisante pour recruter la main d’œuvre nécessaire et, à peine commencé, l'ouvrage avait été abandonné. Mais aujourd'hui, la situation était différente : Godfred avait réussi à ériger un régime monarchique assez fort pour fédérer les hommes, les détourner de leurs querelles incessantes en leur faisant prendre conscience de la menace sourde qui planait sur leurs têtes. Il espérait que cette entreprise de lutte contre l'envahisseur aurait pour avantage de cristalliser l'unité danoise, même temporairement. Godfred canaliserait ainsi l'énergie débordante de ses hommes qui, tout bien considéré, préféraient avoir pour chef un compatriote plutôt qu'un étranger. Les nombreux clans qui composaient le royaume oublieraient momentanément leurs dissensions en se concentrant sur un ennemi commun. Enfin, il l'espérait !

Il avait donc décidé de reprendre dès que possible les travaux du « Danevirke », gigantesque haie de terre renforcée de pieux et de pierres, surmontée de palissades, hérissée de tours permettant de fermer le Jutland à sa frontière commune avec les Francs. Une fois l'ouvrage terminé, des garnisons établies dans des fortins en assureraient la surveillance. Certes, le projet était ambitieux et Godfred savait que de nombreuses années seraient nécessaires jusqu'à sa complète réalisation. Néanmoins, il savait aussi qu'il ne pouvait pas prendre le risque de constituer une proie trop facile pour les prédateurs francs. Bjorn regarda son maître, admiratif, comprenant, s'il ne l'avait déjà fait, que derrière le guerrier se cachait un fin politique capable d'appréhender au plus juste les contingences de son monde mais aussi celles du monde qui les environnait. « C'est une excellente idée mais elle présente de nombreuses difficultés. -Je sais, répondit Godfred, l'air soucieux. Mais je sais aussi que Charles possède un immense territoire très difficile à gouverner et surtout à protéger. Il est sans cesse sur les routes pour réprimer les troubles qui l'agitent régulièrement. Nous devons en profiter pour agir selon nos intérêts. Mais nous devons le faire vite si nous voulons avoir une chance de réussir. » Il fit une courte pause avant de continuer : - Si j'ai décidé de réunir tous mes hommes au printemps prochain, c'est parce que je sais qu'à ce moment- là Charles sera en Espagne, terre beaucoup trop éloignée pour qu'il puisse intervenir rapidement. - Et quel est ton plan ? » Godfred avait une telle confiance en Bjorn qu'il n'hésita pas à lui confier son plan d'attaque dans les moindres détails. Il conclut par ces mots : « Désormais, il ne s'agit plus de piraterie mais de véritable guerre, Bjorn . Charles ne me laisse pas le choix . Dans sa conception du monde, il n'y a de place que pour un seul de nous deux . Nous allons donc nous battre sans merci et ce combat ne pourra se solder que par la défaite des Francs … ou la nôtre ! Le vainqueur pourra alors s'installer sur le trône du palais d'Aix la Chapelle et commander à l'univers. » Disant cela , Godfred se redressa de toute sa hauteur. Son regard bleu , plus sombre que la mer du nord en hiver, en disait long sur sa détermination . Il ne faillirait pas à sa mission et n'arrêterait la lutte qu'avec la victoire … ou la mort ! Le sang appelle le sang !



EXTRAIT DU CHAPITRE 7 : Harald, captivé par les mouvements du barreur qui maniait avec une grande dextérité le styri, safran latéral, toujours placé à tribord de la coque, s'était glissé à la poupe. Près de lui, Anwind, le pilote, qui connaissait la route comme sa poche, indiquait les écueils à éviter, les passages à emprunter. Une brise légère faisait flotter les cheveux de l'enfant qui se tenait debout, bien campé sur ses deux jambes, regardant dans la même direction que le barreur. Le soleil était encore haut et faisait reluire la mer telle un plat d'étain. Sa main droite protégeant ses yeux des reflets aveuglants, il se retourna et scruta la côte danoise qui s'éloignait de plus en plus jusqu'à ne plus être qu'un petit point dans le lointain. Malgré l'ivresse de l'aventure qui le ravissait, il eut un pincement au cœur, se demandant s'il reverrait un jour sa patrie, la terre de ses ancêtres, là où son père reposait. Au bout d'un moment, il fixa à nouveau son regard devant lui, vers le nord-ouest, appréciant la limpidité du ciel. La petite flotte avait atteint le large et s'ébrouait sans entrave. Elle dansait au milieu des vagues et des oiseaux marins. Harald sentit alors tout son être se pénétrer de cet intense sentiment de liberté que procurent les voyages en mer. Ce jour-là, tout comme Eryndr, il comprit que cette attirance était bien plus forte, plus puissante que tout amour humaine, il le comprit et pardonna. Il sut que son destin se trouvait là, sur un navire, chevauchant les mers en une quête éternelle dans l'espoir d'assouvir cette soif d'absolu, cette recherche de son être intérieur, solidement ancrée au fond de ses entrailles.

En fin d'après-midi, le vent se leva. Les vagues se creusèrent. Les passagers prirent leur repas puis s'installèrent pour la nuit. Les membres de l'équipage mangeraient plus tard dans la soirée, en fonction des occupations de chacun. A la tombée de la nuit, Brikarnef répartit les tours de garde. Il resta attentif à la marche de la flottille car le vent fraîchissait toujours et la vitesse des navires était à son maximum, compte tenu de leur charge. Les rudes toiles renforcées de lanières de peau faisaient grincer les écoutes de cuir tressé sous la pression du vent. Les rameurs se reposaient. Certains mangeaient, d'autres jouaient aux dés. Harald regardait le mât qui, bien calé dans son évidement, semblait d'une solidité à toute épreuve. Les autres membres de l'équipage prirent leur poste pour la nuit.

Le capitaine donna l'ordre de fixer les tentes, toiles de laine grossière renforcées de cuir et doublées de bure afin que les passagers puissent dormir, chaudement enveloppés dans des couvertures en peau de renne . Les tentes étaient de la même fabrication que la voile et pouvaient, le cas échéant, la remplacer. Les hommes la tendirent au milieu du navire sur son armature en bois constituée de deux paires de montants dont les extrémités se croisaient et s'ornaient en leur sommet de têtes d'animaux sculptées. Elle lui donnait une forme de toit évasé qu'on arrimait solidement aux couples et aux taquets. Son sommet ne dépassait guère la hauteur des boucliers au-dessus des platsbords, afin qu'elle ne gênât ni la navigation, ni la vision du pilote et ne donnât pas prise au vent .A l'arrière et sur la droite du knorr, il pouvait aisément voir l'horizon et toujours distinguer le cou du dragon dont la tête ricanante, artistement sculptée elle aussi, se dressait haute et fière au-dessus des flots, dominant à la fois le navire et l'océan. Sous la toile, il fallait se courber et on y restait assis ou couché, mais avec un peu d'ingéniosité, Frida en fit un lieu de repos confortable. On alluma des feux et on resserra la surveillance, doublant les hommes de proue et les flancs-gardes. Les barreurs des cinq knorrs observèrent alors les sévères consignes de pleine mer : garder le cap, les distances et le contact avec le bateau de devant comme avec celui de derrière. Brikarnef fit réduire la voile pour la nuit. La flottille aborda les Orcades au matin. Le capitaine y avait prévu une courte escale pour écouler une partie de sa marchandise. Grâce aux hauts fonds qui entouraient l'archipel, les navires purent jeter l'ancre dans une baie abritée où poussaient quantité d'algues géantes, près de la côte de l'île la plus méridionale, à l'entrée du détroit de Pentland, au large de la côte écossaise. Pas d'arbres en ces lieux sans cesse battus par les vents. Sur les collines verdoyantes, on apercevait seulement des moutons blancs, disséminés çà et là, paissant en toute liberté. Une clarté particulière, reflétée par l'océan, donnait au paysage habituellement austère une agréable douceur. La brise marine faisait frissonner les bruyères.



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